12 novembre 2006

Exercices de style

Le cycliste:

Un soir d’hiver, alors que je circulais en vélo dans une petite rue à sens unique mal éclairée du quartier de l’Opéra à Paris, j’aperçus devant moi, sur la chaussée, traversant la rue de gauche à droite, une femme tenant par la main deux petits enfants. J’étais à 15 mètres environ, et m’apprêtais à les éviter, quand j’entendis derrière moi le vrombissement d’un moteur de deux-roues. Je tournais la tête et vis en un clin d’œil un gros scooter piloté par un type sanglé dans un manteau marron, portant un casque intégrale et des gants de cuir. Il me frôla par la gauche, et en le suivant des yeux, je vis que sa trajectoire croisait celle de la femme et des enfants, qui avançaient tout droit à travers la rue, sans un regard pour la circulation. Je poussais un cri et fis un écart, manquant de peu de tomber.

Une seconde plus tard, le scooter était déjà loin, et la femme et les enfants avaient traversé sans encombre, par miracle. Ils avaient rejoint un homme, qui tenait ouverte la porte d’une voiture et semblait les attendre. En les dépassant, j’entendis celui-ci interpeller la femme avec colère, lui disant « tu es encore en retard ».

Je frissonnais en appuyant sur les pédales pour continuer mon chemin.

La maman :

Je te raconte pas : quand tu m’as appelée l’autre soir, j’étais chez ma belle-mère pour récupérer les petits. Je lui ai demandé de les habiller mais quand je t’ai laissée, Flore avait son manteau mais pas ses chaussures, quant à Jules, il n’avait ni manteau (impossible de mettre la main dessus) ni chaussure au pied droit. Et sur le gauche, la chaussure droite. Tu connais ma belle-mère : toujours aussi peu débrouillarde, il a fallu 10 minutes pour finir d’habiller les enfants et prendre l’ascenseur. Pierre attendait dans la rue en double-file depuis 20 minutes, et tu connais Pierre : il a horreur d’être mal garé. Alors nous avons couru pour le rejoindre, de l’autre côté de la rue. Et là, tiens-toi bien, il m’engueule carrément ! Tu le connais, il est vraiment impatient, mais là, il n’avait qu’à demander à sa mère de faire un effort, non ? Ah, et puis tu sais quoi ? Dans la rue, il avait un type à vélo, très bizarre : il a poussé un cri, a manqué de s’étaler, et puis il s’en est allé. Je te jure, je n’ai rien compris.

Jules :

Maman, elle est trop énervante. Elle n’arrête pas de téléphoner à ses copines, et pis après elle nous crie dessus.

Elle dit : mets tes chaussures, mets ton manteau, et elle écoute même pas quand je lui dis que j’l’ai pas, mon manteau. Et pis, comme elle m’a pas donné mes chaussures à scratch, celles qui courent vite, j’y arrive jamais à mettre celles à lacets. Elle est énervante. Et pis même sur Mamie, elle lui crie sur elle, alors que déjà, avec Flore, on lui a crié sur elle tout l’après-midi, et que Mamie, elle nous a dit à mercredi prochain, mais elle avait son air de quand elle a pas trop envie que ce soit mercredi prochain, parce qu’avec Flore, on l’a un peu fatiguée. C’est normal, les vieilles personnes, comme ça va mourir, c’est souvent fatigué, c’est ce que maman elle a dit à papa une fois que Mamie a dit qu’elle était fatiguée.

Après, on est parti, et moi j’ai voulu appuyer sur tous les boutons de l’ascenseur parce que c’est rigolo, mais maman elle a fait les gros yeux et elle a dit que c’était pas rigolo, alors j’ai marché sur les pieds de Flore, et elle a crié et maman aussi.

Après, dans la rue, on n’a même pas traversé au passage piéton, et on a failli se faire écraser par une moto, et on était en tort, c’est maman qui dit toujours ça quand on traverse pas au passage piéton, mais là c’était sa faute si on était mort.

Y a même un monsieur en vélo, quand il a vu qu’on était en tort, il a crié, et il était tout affolé, il a même failli se casser la binette.

Après, papa il a crié sur maman, et on est rentré.

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