06 mars 2007

Lise

Lise s’allongea sur le grand sofa couvert de coussins dorés et poussa un soupir de bien-être.
Tout se passait à merveille : le voyage en jet privé, la limousine à l’aéroport, le trajet final à dos d’éléphant jusqu’à ce palais indien au milieu de la jungle, et cette suite si luxueuse. Et Georges, si prévenant. Il y avait eu ce tigre, en chemin, qui, du haut d’un arbre, s’était jeté sur elle : de sa voix grave et puissante, Georges avait arrêté le fauve en plein bond, et celui-ci s’était allongé par terre, comme un gros chat. Elle ferma les yeux et perçu l’odeur de brûlé, dans la cuisine. Elle bondit sur ses pieds et se précipita pour éteindre le four. Endives au jambon gratinées. Trop gratinées. Lise se dit que Paul détestait le gratiné trop gratiné. C’était lui qui faisait la vaisselle le soir, alors c’était bien comme ça. Elle ouvrit le réfrigérateur américain, en sorti une caïpirinha, et se dirigea vers la piscine, à l’extérieur du bungalow. Il faisait nuit, mais l’air était si chaud qu’elle décida de se tremper jusqu’à mi-cuisses. Elle aperçu la silhouette athlétique de Jean, qui la rejoignit dans l’eau sans bruit. Il posa sa main sur son épaule. Elle frissonna, et décrocha le téléphone qui lui déchirait les tympans depuis 10 minutes.
« Allo ? C’est moi ! »
Elle reconnu sa mère. Elle détestait sa façon de dire « c’est moi », comme si Lise n’attendait que son coup de fil, comme si elle n’avait pas d’amis, de relations qui puissent l’appeler, comme si la ligne même appartenait à sa mère ! Comme à chaque fois, elle répondu « c’est qui, moi ? » Et comme toujours, le roulement continu des mots de sa mère envahit son oreille, tout l’espace sonore, l’univers entier, et elle posa le récepteur sur le sol, démarra en trombe sa Range Rover, écrasa l’appareil, la voix de sa mère, sa mère, et s’en alla rejoindre Luc qui l’attendait sur son yacht à Ibiza.
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