19 septembre 2008

Je me souviens du froid

Je me souviens du froid qu’il faisait quand on se réveillait. Nos chambres étaient sous les toits, et l’air froid passait par les jointures des fenêtres et par la tôle du toit mal isolé. Le chauffage était coupé, la nuit, et les couvertures de laine glissaient souvent sur le côté du lit.
Au bruit du réveil, on se pelotonnait, on s’enroulait dans le drap, dans les couvertures qu’on mettait en boule pour boucher chaque espace où le froid nous piquait, et on fermait les poings et le yeux, pour garder encore quelques instants la douceur de nos rêves.
Puis notre mère passait dans chaque chambre, elle criait : « debout ! allez allez ! », et on se levait à contre-cœur. On attrapait des vêtements dans le placard, on s’habillait vite, mais les chaussettes coinçaient, un fil entre les doigts de pieds, et il fallait s’y prendre à deux fois.
On s’engueulait un peu pour accéder aux toilettes, les plus grandes avaient toujours l’avantage sur les plus petits.
On descendait les escaliers pour aller prendre le petit déjeuner. Mes deux petits frères, eux, glissaient, assis sur les marches, dans leur turbulette.
Le bas de l’appartement était moins froid, ma mère faisait chauffer du lait qui souvent débordait. On prenait un chocolat chaud, du cacao Van Houten auquel on ajoutait du sucre et du lait, qui faisait une peau en surface du liquide si on le laissait refroidir.
Quand il n’y avait plus de lait, notre mère en fabriquait, avec du lait en poudre et de l’eau, ou avec du lait concentré non sucré gloria en boite de conserve. Nous adorions manger la poudre de lait, qui séchait instantanément la bouche et qui crissait sous les dents. A chacun de ses voyages, notre père nous ramenait des petites pochettes de lait en poudre pris dans les avions.
Nous faisions griller du pain sur une plaque posée sur le gaz : les tranches de pain étaient souvent brûlées, ça ne pardonnait pas d’oublier de les retourner ou de les retirer du feu. Nous mettions du beurre, de la confiture prise dans un grand pot, où la cuillère tombait, et on s’en mettait plein les doigts. Notre mère nous disait : « papa sera là la semaine prochaine ».
Puis on partait en courant pour l’école en claquant la porte, qui vibrait comme un gong pendant plusieurs secondes.
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