17 novembre 2004

Une histoire qui commence mal

Giulia sauta dans le train de banlieue qui reliait le stade Olympique de Rome au centre ville.

Elle s’assit contre la vitre et frissonna. C’était une belle journée d’avril, et elle l’avait passée au tournoi international de tennis de Rome, en plein soleil. Mais à présent elle avait froid.

Elle avisa un type assis sur la banquette en face d’elle, qui regardait fixement par la fenêtre. Il avait un blouson aux manches trop courtes et elle se demandait si elle allait oser lui demander de le lui prêter.

Dans le cahot du départ du train, le type tourna la tête et leurs regards se croisèrent une fraction de seconde.

Elle s’aperçut qu’elle l’avait déjà vu. Cet après-midi même, sur les gradins du court central. Il avait une place juste devant le sien et il était grand.

Et elle était petite.

Elle avait du se déhancher pour apercevoir les joueurs pendant toute la partie. 5 longs sets : 3/6, 4/6, 7/5, 6/2 et 6/0.

Elle avait tenté de lui faire signe pour qu’il se pousse un peu, par des gestes, des raclements de gorge, mais il avait l’air sourd et aveugle, bref il ne bougeait pas, droit comme un i majuscule. Porca miseria !

Il était seul apparemment. Qu’est-ce qu’il faisait là ce type ? Et habillé bizarrement. : un blouson avec des manches trop courtes, des gros godillots. Et ses cheveux : en bataille. Mais mignon, quand même.

Dans le train, elle l’observait, un peu irritée. Lui regardait ailleurs. Elle ne comprenait pas les gens qui faisaient totalement abstraction de ce qui les entouraient. Elle, elle aimait engager la conversation, parler avec les gens.

Elle frissonna de nouveau. Alors elle se décida : elle se pencha vers lui et lui dit avec un sourire poli : « excusez-moi ? ».

Il ne bougea pas, perdu dans ses pensées apparemment.

« Totalement abruti » se dit-elle.

Elle lui fit un signe de la main devant les yeux, comme on fait dans les films pour vérifier qu’un aveugle est effectivement non voyant.

Il secoua la tête, comme sorti d’un rêve, et dit « comment ? » Il avait un drôle d’accent. Elle lui demanda alors pars une longue phrase gênée s’il pouvait lui prêter son blouson parce qu’elle avait froid etc.

Il lui répondit en français qu’il ne parlait pas italien.

Il n’avait rien compris. Décidément. Heureusement, Giulia parlait bien le français. Elle répéta sa requête lentement dans cette langue. Il sourit timidement et lui passa immédiatement son blouson.

« Ah ! quand même ! » se dit elle, « il n’est donc pas si idiot. »

Elle planta ses yeux violets dans ceux du garçon et engagea la conversation.

ASM

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