14 janvier 2005

Si belle en ce miroir

« Moi j’essuie les verres au fond du café, j’ai bien trop à faire pour pouvoir rêver… »

C’est Ghislaine qui chante ça, chaque fois qu’elle me nettoie.

Elle est sympa, Ghislaine, elle s’occupe bien de moi. Une fois par semaine, hop ! elle sort ses chiffons, et vas-y que je te me chatouille, cajole, fait briller.

Quand elle a fini, Ghislaine, elle se campe devant moi, les mains sur les hanches, et elle me regarde fièrement.

Eh puis elle se regarde elle même, et là je vois bien qu’elle est triste Ghislaine. Alors, pour lui remonter le moral, je fais briller ses yeux dans ma glace, et elle sourit.

Ghislaine, elle s’occupe de la salle du fond dans le café où nous travaillons tous les deux. Elle sert les clients, et moi, je leurs donne un peu de rêve, j’agrandis cette petite pièce sombre et enfumée, encombrée de chaises et de tables, et je les aide à ma façon.

Mes clients, je les entends arriver de la salle de devant, celle qui donne sur la rue, avec le comptoir et la terrasse. Mes clients, ce sont des discrets. S’ils viennent au fond du café, c’est qu’ils ne sont pas comme tous ces m’as-tu-vu de devant. Ils ont besoin de tranquillité. Alors Ghislaine et moi, on s’occupe d’eux.

On m’a accroché au-dessus d’une banquette en skaï rouge, à un mètre cinquante du sol. Moi-même, je suis du genre discret : simple plaque de verre, origine modeste, je dirais presque prolétaire – pas comme ceux de Versailles, là, qui se prennent pour je ne sais pas qui avec leur cadre doré. Et ça n’est pas parce qu’ils ont vu le roi Soleil qu’ils sont des lumières, croyez-moi. D’ailleurs, j’ai ouï dire qu’ils sont un peu ternes.

Où j’ai entendu ça déjà ? Ah ! oui, c’était ce type assis sur la banquette. Il lisait un bouquin. Alors moi, discrètement, j’ai regardé derrière son épaule. Un gros livre sue le château de Versailles, c’était. Il y avait des photos, et c’est là que je les ai vu les collègues. Dorés du cadre, oui, mais ternes de la glace.

J’aime bien la lecture. L’autre jour, il y avait une fille qui lisait, sur une table, à 3 mètres environ. Elle était de trois-quarts et j’avais un peu de mal à lire. J’ai les bords qui font un peu loupe, et j’ai une bonne vue d’habitude, mais à 3 mètres, ça n’est pas évident. Elle n’avait pas l’air de trouver ça passionnant, vu qu’elle ne tournait jamais la page. Je l’avais déjà remarquée les jours précédents. Elle se mettait toujours à la même place, comme si elle surveillait l’entrée, son livre était posé sur la table.

Et puis, vers 17h30, un type arrive et s’assoit sur la banquette. Et là, hop ! elle ouvrait son bouquin, toujours à la première page. Le type commandait un café, lisait son journal, et 15 minutes plus tard s’en allait. Par un regard autour de lui, rien.

Un jour, j’en ai eu marre, j’ai décidé d’intervenir. D’une part j’aime bien les histoires d’amour qui commencent. Soit dit en passant, j’ai un cousin qui travaille dans une garçonnière ; il est accroché au plafond. Eh bien, il a perdu tout sens du romantisme. Mais pas moi, je garde un côté midinette. Et puis j’avais envie de lire la suite de son bouquin, à cette fille.

Alors un soir, alors qu’il était plongé dans les pages litteraires, j’ai envoyé un coup de lumière sur son journal. Ca l’a ébloui, et il a levé les yeux. Et là, paf ! un coup de projecteur sur ses cheveux à elle, pile au bon moment. De beaux chevaux noirs, longs, rayonnants. Alors, forcément, il l’a regardé. Elle, elle l’a tout de suite senti, et elle a tourné la tête vers nous, enfin je veux dire vers lui. Sourires, regards qui se croisent.

« Et voilà le travail », je me suis dit, « maintenant c’est à eux de faire le reste ».

ASM, 8 octobre 2004

13 janvier 2005

Banana quoi ?

Bananarama. Ce qui est génial avec internet, c'est que tu penses à une vieille chanson d'il y a, allez, 20 ans, le genre impossible à trouver à la Fnac, et d'ailleurs jamais tu l'achèterais (c'est mon cousin qui achetait tous les 45 tours à l'époque), mais qui te rappelle des trucs, genre allez les filles on danse, et paf ! quelques minutes plus tard, tu écoutes "tchoup, tchoup, haaaaaaaaaah, tchoup, tchoup, haaah".
Le mieux de la semaine, ça reste Captain Sensible : "say Captain, say wot, say Captain, say wot, whouuuuuuuuuu! (gloussements).

Dent de lait, dent de lion

- Maman ! Maman ! Ma dent bouge !

- C’est pas vrai ! Montre-moi, mon chéri !

- Noooon ! Non ! Non !

Il cache sa bouche avec ses mains.

- Mais laisse moi voir !

Elle essaie de lui enlever les mains pour accéder à sa bouche.

- Nooon ! Tu vas me faire mal !

- Mais non, laisse moi voir.

Il déplace un peu ses mains, elle approche doucement un doigt pour abaisser la lèvre inférieure.

- Hummmmmmm !

Il s’agite, empêche sa mère de découvrir la dent avec le doigt. Elle y arrive finalement. Il est comme tétanisé, bouche entre-ouverte. Du bout du doit elle fait bouger la minuscule dent de lait. Il gémit, repousse la main, se cache la bouche des deux mains à nouveau.

- Bravo ! C’est la première dent que tu vas perdre. Comme tu es grand !

- Je ne veux pas !

- Mais au contraire ! Cette nuit la petite souris va passer t’apporter un sou.

- Un quoi ?

- Un sou. Un euro. La petite souris passe la nuit : il faut mettre la dent sous ton oreiller, elle la trouve et t’apporte son cadeau.

- Mais non ! Je ne veux pas la souris !

- Ne t’inquiète pas : elle est gentille, la souris, et elle aime récompenser les enfants sages.

- Elle est gentille ?

- Oui ! Il faut juste mettre la dent sous l’oreiller. Fais bien attention de ne pas l’avaler ou la perdre.

Le lendemain, pendant le dîner, il fait mille grimaces, chaque bouchée de nourriture faisant bouger la dent, provoquant une douleur. Il gémit, se tortille sur sa chaise.

Soudain il pousse un cri :

- Aaaah ! Ma dent ! Elle est partie ! Oh non ! La souris ne va pas passer ! J’ai avalé ma dent ! Elle ne va pas m’apporter de cadeau !

Il pleure. Sa mère le prend dans ses bras, le console, le cajole.

- Ne t’inquiètes pas, je vais écrire un mot à la souris, je vais lui expliquer ce qui s’est passé, et elle t’apportera ton cadeau.

- Nooon ! Elle ne va pas venir ! J’ai perdu ma dent !

- Mais si, calme-toi, après le dîner nous écrirons ensemble le mot, c’est toi qui signeras, et elle viendra.

- Tu crois ?

- J’en suis sur. Allez, prends ton dessert et on s’en occupe.

Il est maintenant couché. Sa mère l’embrasse tendrement. Il suce son pouce.

- Alors elle viendra ?

Il passe a main sous l’oreiller et sort le petit papier sur lequel sa mère a écrit ceci :

« Chère petite souris, je m’appelle Matthieu et j’ai 6 ans et demi. Ma dent est tombée mais je l’ai peut-être avalée. Si tu veux bien m’apporter quand même mon cadeau, je serai très content ».

Et il a signé d’une écriture malhabile : Matthieu.

Il remet le papier sous son oreiller. Il est un peu inquiet. Sa mère le rassure. Bientôt il dormira, bientôt la petite souris passera, et le petit garçon deviendra un peu plus grand.


Tonio, 14 octobre 2004

10 janvier 2005


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06 janvier 2005

Désirade

En ce début d'année, il espérait âmeçoner une gatoune en lui fleurtant le coeurnichon à grand coup d'occhialises.
Car enfin, qui résisterait, se disait-il dans sa fortitude, à un coeurazon plein d'amature comme le mien ?
Il béata tant et si bien que cela arriva : une minoute tomba dans ses brassards et lui donna son heart-tout-chaud.

ASM

Définitions

charme : comme le chat, il ondule et tourne autour de sa proie, mais gare ! c'est aussi l'arme qui nous fait faire ce qu'on ne choisit pas.

monde : il est à moi ce monde dans l'onde immonde mais ronde est cette terre si féconde

ASM
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