24 septembre 2006

Déshabille-moi

Tes yeux m’ont dit, tes yeux ont brillé dans la pénombre
Et je suis remonté comme un coucou, prêt à tout, éperdu
Tu es si proche, je n’ose te toucher, et pourtant ma main s’approche de ton genou
Elle glisse, elle hésite, elle recule, reprends sa progression sur ton jean
Et je me prends à soupirer et à respirer ton odeur, animal que je suis
Plus de chaud ni de froid, rien autour de nous, il n’y a que toi
Mes doigts ont trouvé ce coin de peau au-dessus de tes fesses,
Et mes mots électriques te demandent de te lever, de venir avec moi jusqu’à la chambre.
Tu files devant, glissant sans bruit sur le parquet, tu disparais au coin du couloir, et je te suis
Jusqu’à la chambre où tes yeux luisent quand j’y entre et tu m’accueilles
En te collant à moi sans un mot, et je te dis caresse-moi caresse-moi,
Déshabille-moi si tu l’ose.

20 septembre 2006

2 balles

Alex traversa la rue Royale en se faufilant entre les voitures et les scooters. Il s’arrêta au milieu de la rue un instant, et s’apprêtait à repartir dans le flot de la circulation quand il vit un éclat sur le sol. Il se pencha et ramassa une pièce de deux euros. Il caressa la pièce entre le pouce et l’index, puis la glissa dans sa poche. Il sourit : s’était son jour de chance. Mais il ne connaissait pas le proverbe chinois: le vent sur le lac suit le courant profond.
Il avait rendez-vous avec un riche marchand d’art. Celui-ci avait un hôtel particulier dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, et il organisait de nombreuses réceptions. Gérard, un ami d’Alex, l’avait recommandé auprès du marchand d’art pour un travail. Un travail pour lequel il était tout désigné. Alex était un spécialiste de l’incruste. Il n’avait pas son pareil pour rentrer dans les soirées privées et se gaver de petits fours et de champagne. Il avait développé de nombreuses techniques pour passer le barrage du service d’ordre. Le marchand d’art avait besoin d’un expert précisément pour se protéger des parasites du genre d’Alex. Qui mieux que lui saurait détecter les intrus et leur faire barrage ?
Alex tapa le code qu’on lui avait donné, et la lourde porte cochère s’ouvrit sans un bruit. Il entra et leva les yeux vers la voûte décorée du porche. Il ricana en pensant à l’immeuble dans lequel il louait une chambre de bonne minable, loin des beaux quartiers.
Le porche donnait sur une cours intérieure, qu’il traversa. Ses pas résonnaient sur le sol pavé. Il n’y avait personne en vue. L’entrée de l’hôtel particulier était devant lui, en haut d’un large perron.
Il monta les marches, et s’arrêta devant la porte vitrée. L’interphone n’avait qu’un seul bouton, et aucun nom n’était indiqué. Il appuya et attendit. Rien. Pas de bruit de sonnerie, pas de réponse non plus. Nerveux, il sonna une deuxième fois, puis une troisième. Il avait vraiment besoin de ce job, et cet imbécile de marchand lui avait posé un lapin ! De rage, il donna un grand coup du plat de la main sur la porte en verre. Qui s’ouvrit doucement. Surpris, il recula d’un pas, puis, se ressaisissant, il entra avant que la porte ne se referme. L’immense entrée carrelée était dans la pénombre, et il distingua juste la forme en fer à cheval d’un double escalier. Il avança prudemment à la recherche d’un interrupteur. Il ne vit pas la forme sombre à ses pieds. Il buta dedans et s’étala de tout son long en jurant. Il se redressant, et mis ses mains dans ses poches pour chercher son briquet. Dans la gauche, il trouva la pièce, qu’il saisit. Le briquet était dans la droite. Il l’alluma, et se pencha sur la forme, qui était celle d’un homme sans connaissance, vêtu d’une robe de chambre, allongé sur le côté. Quand il aperçut le sang qui coulait du front l’homme, il fut pris d’un brutal sentiment de panique, et il se releva d’un coup, pour se retrouver nez à nez avec le canon d’un pistolet à l’autre extrémité duquel il n’eut pas le temps de voir un individu masqué.

Le lendemain, la police trouva un célèbre marchand d’art assassiné dans son hôtel particulier. A ses côtés, le corps d’un homme inconnu avec deux balles dans le cœur. Dans sa main gauche, il serrait une pièce de deux euros. Aucune hypothèse n’était exclue, l’enquête continuait.

09 septembre 2006

Retro-pédalage

Froid. J’ai froid. J’ai une chemise, pas de pull, pas de veste. Ne pas croire la météo. C’est bête, j’aurais mieux fait de regarder par la fenêtre ce matin. Hier, il faisait chaud à cette heure. Presque minuit. Bon, clac ! clac ! mes bandes jaunes fluo sur les chevilles, je les adore, la façon dont elles s’enroulent. Pied sur la pédale gauche, un coup du droit pour lancer le vélo. Descendre du trottoir en douceur, debout sur les pédales. Dernier regard en arrière, aller, je file, je file, qui sait quand on se reverra ? La rue est en pente, ça roule facile. Je vais où, là ? République, par là ? Je ne sais pas, connais pas trop ce coin. Feu, ralentir, pas de voiture : je passe. Ah oui : rue de la Folie-Régnault, Chistophe habitait là dans le temps. Ca fait longtemps, perdu de vue. Dommage, il était sympa avant. Oups, feu, freins ! Merde, ils font un bruit d’enfer, ces patins. Et le type du magasin qui m’a tout changé, sauf ça, le naze ! Samedi je les change moi-même. Ca ne doit pas être trop compliqué, des patins de frein. Ok, ok monsieur, passez, à vous la priorité. Allez, on y va, on y va ! Je ne devrais pas brûler les feux. Un jour je vais me prendre une bagnole. Un choc brutal, un ¼ de seconde au ralenti et tu sais que ça y est. Je vois mon corps fracassé sur la chaussée. Arrête ! Acheter un casque. Moche, mais bon, ça te sauve. Manouche en met un tout le temps, c’est lui qui a raison. Putain de trou ! Pas vu, merde ! Mal au cul ! Encore un ! Hop, debout sur les pédales, je l'évite, ha ! ha ! Ah ! Ca y est : c’est rue du Chemin-Vert ! Et là, devant, il y a la centrale d’achat pour étudiants. D’ailleurs ça s’appelle l’Etudiant maintenant… Comment ça s’appelait avant ? J’y ai acheté mon Atari ST, je l’adorais cet ordi. Ca fait 20 ans ! Putain… 20 ans…Richard Lenoir, stop. Trop dangereux de passer au rouge. J’ai froid, je tremble. Foncer pour avoir chaud : en danseuse, c’est parti. A gauche ! Allez ! Voiture qui s’arrête : attention à la portière ! Yes ! Le feu de Bastille. Tiens, jolie jolie, sur ce vélo. Elle m’ignore, 1 mètre devant moi. Tu vas voir, au vert je te passe devant, et je vais bien te voir. Merde ! Elle est partie ! La rattraper, allez. Non ! Saleté de bagnoles, je suis bloqué, elle s’éloigne. Attends, j’y vais maintenant. Non, elle va tout droit, moi je prends Saint-Antoine, tant pis salut salut ! Fait sombre ici. Taxi derrière, il me colle. Danger, trottoir. J’aime pas ça, il me frôle. Métro Saint-Paul, ah oui, ce métro. C’était quand déjà ? En juin je crois. Juin… Allez, roule, BHV, au feu d’Hôtel de ville, sortir de la file bus, se mettre au centre. Rue des Couteliers, un con en scooter, il me passe à droite. Feu au croisement du quai. Tiens, cette fille en vélo à côté de moi était déjà là rue de Rivoli. Je démarre, gros car espagnol, je passe à droite. Deuxième car espagnol, qu’est-ce qui foutent à cette heure ? Hop, je passe à gauche, roule roule ! Pont, à droite vers Saint-Michel, le quai pour moi, pas une bagnole ! Allez, je lâche le guidon. Sans les mains, j’adore ! Tiens, ce bruit derrière, encore cette fille ? Fais voir ? Bof. Je file, place Saint-Michel, rue Danton. Elle ne décroche pas, elle me course ou quoi ? Carrefour de l’Odéon, feu orange, on y va ! On y va ! Je vais vite, droite, rue des Quatre-Vents. Je pile ! Croisement rue de Seine, toujours des bagnoles ici, failli m’en prendre une. Pieds à terre. La fille est là. Elle dit : « ne vous inquiétez pas, monsieur, je vous suis ». Et moi, je fais toujours la course, je repars aussitôt après un sourire. Au bout de la rue Lobineau, coup d’œil arrière, rien, j’avance, gauche, droite, Saint-Sulpice. Bruit de pédalage, je me retourne, non , c’est un mec qui me double. Rue de Rennes, je sais qu’elle n’est plus là. Merde. J’aurais du lui parler au lieu de filer. « Vous me suivez où ? » « c’est gentil de m’accompagner » « ha ha, on fait la course ?», enfin quelque chose. Esprit d’escalier. Est-ce qu’elle me suivait vraiment ? Pourquoi ? Je regarde tout autour de moi. Non, elle est partie. Pas foutu de parler aux gens décidément. J’ai froid. Allez, encore un effort et au lit. Roule roule…

03 septembre 2006

Ma barque

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Ma barque n'est pas très grande, mais elle accueille quelques enfants et qui veut bien ramer avec moi. Elle a pris des coups sur les caillous, et le soleil a fait craquer son vernis, alors elle prend un peu l'eau. Il faut penser à écoper régulièrement. Les rames sont abimées et leur cuir est déchiré, parce que les rameurs ne sont pas très habiles, ils manquent d'expérience. Elle va rarement droit parce que personne ne pense à installer le gouvernail. Mais ma barque navigue tranquillement sur le plus beau des lacs, celui des rêves de l'enfance.
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