02 septembre 2005

Péchés capitaux

La colère
On me dit toujours : « Gérard, tu es trop gentil ». Et au fond c’est vrai. J’ai pour principe de ne pas déranger les gens, parce que je n’aime pas qu’on me dérange moi-même. L’autre jour, j’ai garé ma voiture, et je n’avais pas de carte pour payer l’horodateur. Il y avait des contractuelles qui distribuaient des PV à quelques dizaines de mètres de là. Je suis allé les voir pour leur dire que j’allais acheter une carte et que je revenais. Elles m’ont dit « pas de problème monsieur. » Dix minutes plus tard, je reviens avec la carte et paf ! il y avait un PV sur le pare-brise de ma voiture. Les contractuelles avaient disparu. J’étais très énervé, ça n’était pas juste de me faire un coup pareil. Et puis, au bout de quelques minutes, je me suis calmé. Après tout, ils auraient pu mettre ma voiture à la fourrière, je m’en tirais bien. Ce soir là, mon fils de 3 ans a fait tomber la télécommande de la télé et elle s’est cassée. J’ai éclaté de rage et je lui ai collé une fessée bien méritée. C’est vrai quoi, je suis gentil mais il ne faut quand même pas me chercher.

La gourmandise
Je suis obligée de me surveiller, sinon je grossis. Pourtant, j’en ai fait des régimes. Je me suis abonnée à plusieurs magazines et chaque été je suis scrupuleusement le régime d’avant les vacances pour faire bonne figure sur la plage. Mon problème c’est les glaces. En vacances, j’en prends 2 par jour, j’adore ça après les repas. Mais j’aime aussi les crêpes au goûter, et le chocolat après le café. Et les beignets au petit-déjeuner. Et puis ces régimes, ça donne tellement faim. Il parait que ce qui est bien c’est de faire du sport. Mais c’est fatiguant. Donnez-moi un kilo de ces délicieux petits macarons, s’il vous plait.

La paresse
J’ai promis à Justine de m’occuper d’elle. Je sais bien que je devrais faire plus attention à elle, qu’elle a besoin qu’on lui dise « je t’aime », « tu es belle », qu’on lui offre des fleurs, qu’on l’invite à dîner. C’est juste que je n’ai pas le temps. Il y a le travail dans la journée. Le soir il y a tous ces trucs à faire à la maison, et que je n’ai jamais le temps de faire d’ailleurs. Si je n’ai pas le temps de ranger mon linge, alors comment trouver celui d’acheter des fleurs ? Et puis il y a les soirées foot avec les copains. C’est assez fatigant, on regarde le match à la télé, on boit, on rigole, on se couche tard. Mais bon, j’ai promis à Justine. Un de ces quatre, c’est décidé, je l’invite à dîner.

La luxure
D’habitude je suis hyper prudent.
Ca avait hyper bien commencé. J’étais à la plage, en vacances, tranquille, avec les copains. Et là, je la vois, hyper canon :j’ai tout de suite flashé. Elle avait un maillot deux pièces qui montrait tout ce qu’elle avait de plus beau à cacher. Je suis allé me jeter dans l’eau tellement j’étais perturbé. Elle était hyper froide, mais ça m’a bien calmé.
Après, j’ai bien attaqué, et j’ai senti que ça mordait carrément. Je la regardais bronzer ses fesses, et aussitôt j’allais me jeter à l’eau. Plusieurs fois de suite en fait. Je lui ai proposé de passer chez moi, enfin à ma tente, au camping municipale, avant de sortir en boîte. Elle a dit oui. Je me suis jeté à l’eau une dernière fois.
Quand elle est venue au camping, elle s’était habillée, enfin, façon de parler, d’un tee-shirt moulant très court, au dessus du nombril, et d’un mini-short. Et là, sous la tente, impossible d’aller me jeter dans l’eau glacée. Ou alors il aurait fallu aller prendre une douche, mais bon, ça n’était pas facile, surtout que là, dans la tente Anapurna 5000, il n’y avait vraiment pas beaucoup de place, et qu’on s’est vite retrouvés enlacés. J’ai eu un mal fou à lui enlever le peu de vêtements qu’elle portait, et je me suis même fait une crampe. Heureusement, elle m’a massé, et là, ça a vite dégénéré, on était comme des fous. Au moment critique, j’ai crié « merde ! » parce que je me suis aperçu que j’avais oublié de mettre une capote.

L’orgueil
La femme est bronzée à point, et son mini-maillot met en valeur ses seins superbes. Elle observe, derrière ses lunettes de soleil, ses rivales de plage. Il y a de jeunes mères au ventre un peu mou et aux seins un peu flasques, il y a des petites de 15 ans aux formes prometteuses mais encore à venir. Elle sourit intérieurement, s’allonge sur le ventre plat et défait sont haut, sure d’être la plus parfaite malgré ses 45 ans, avec son 90C garanti par le docteur Arroyo, un des meilleurs médecins d’une des meilleurs cliniques de chirurgie esthétique de Rio de Janeiro. Hélas, elle sent brutalement comme un baisse de pression dans son sein gauche et s’aperçoit avec horreur que la prothèse en silicone a cédé. Piteusement, elle passe un tee-shirt et s’éloigne en tenant sa serviette contre elle pour cacher sa honte.

L’avarice
Toute mon enfance, j’ai souffert de sa pingrerie. D’accord, nous partions en vacances en Bretagne, mais nous ne mangions jamais à la crêperie le soir, et le midi, nous emportions toujours des sandwiches secs qui avaient la mauvaise habitude de tomber dans le sable, et pas question de jeter : il fallait nettoyer le sandwich, quitte à le plonger dans la mer et le manger malgré le crissement des grains de sable sous la dent. Quand les autres enfants avaient droit à une glace, nous ne pouvions que les regarder de loin. Je me souviens avec désespoir de nos maillots de bains, en laine tricotée – la honte totale sur la plage. Pourtant, nous avions la plus grande maison de la rue, et un domestique pour servir le dîner. Mais cette vieille bique est maintenant dans une maison de retraite et elle a perdu la tête. Elle ne s’apercevra même pas qu’on la passe d’un grand appartement à une simple chambre, qui plus est partagée avec une autre pensionnaire. Tout ça coûte fort cher monsieur le directeur, faites ce que je vous demande.

Tonio, 20 août 2005
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